Chez Ducati, ST veut dire Sport-Tourisme. La moto est sortie en 1997 et n’a été modifiée depuis que sur des points de détail, les améliorations apportées au fil des ans ayant consisté à éliminer pratiquement quelques petits défauts irritants sur les premiers millésimes (régulateurs de charge peu endurants, suintements de certains récepteurs d’embrayage). On peut dire qu’en 2002 la ST2 est une moto très fiable si entretenue dans le réseau Ducati (tous les 10 000 km).
L’esthétique est plutôt discrète pour une Ducati, mais assez chic dans une livrée au choix gris métallisée, ou bleue métallisée, ou jaune bouton d’or, ou rouge profond. La peinture est de belle qualité, provoquant des reflets de lumière sur les jolies rotondités de la belle.
Sous le carénage, on trouve un cadre treillis tubulaire qui ressemble à celui des Monster, et le fameux moteur bicylindre à 90° en L , d’une cylindrée de 944 cc, refroidi par eau.
Il est ici dans une version à 2 soupapes par cylindre (comme les 900 Ssie), commandées par une distribution desmodromique qui est la marque distinctive des moteurs Ducati, à injection Magneti Marelli. La puissance n’est « que » de 83 CV, mais ils sont bien présents même à régime moteur modéré.
Le déploiement de la béquille latérale coupe le moteur, la béquille centrale est stable mais, fixée trop en arrière, le levage de la moto sur sa centrale est un peu pénible.
En selle, les deux demi-guidons ne sont pas aussi hauts que sur un roadster made in Japan, et placés plutôt en avant, ils impliquent une légère inclinaison du buste du pilote, propice à la conduite routière et très agréable à vitesse soutenue. En ville, il est possible d’adopter une position plus droite en s’assayant au plus près du réservoir de 21 litres, dont aucune arête saillante ne vient gêner mes genoux. Je suis frappé par l’étroitesse de la moto.
Le tableau de bord est complet avec, sur un écran LCD lisible, un trip journalier, une horloge, la jauge à essence, la température moteur. Le passage en réserve est indiqué par le clignotement du dernier secteur de la jauge et par un voyant orange.
Les commandes sont au standard japonais. La selle est d’une assise plutôt ferme, mais bien rembourrée.
Contact et musique ! Le twin desmo s’éveille dans la symphonie grave mais bien maîtrisée de ses deux échappements.
Le levier de l’embrayage à sec est à commande hydraulique. Il est très dur sur les deux premiers milliers de km, ensuite les ressorts du plateau d’embrayage deviennent moins revêches et la main gauche du pilote s’est musclée, tout devient beaucoup plus « normal » et l’ on n’y prête plus du tout attention.
Premiers tours de roueLa boîte de vitesses a, elle aussi, besoin de se roder un bon millier de km pour devenir très agréable. Encore 2000 km et elle est au top, très précise et rapide, un régal.
L’embrayage des modèles 2002 est en Ergal, il est moins bruyant que ceux des modèles antérieurs.
Comme le twin cogne sous les 3000 tours / minute, en ville la transmission finale du pignon de sortie de boîte de 15 dents et couronne de 42 dents est plutôt longue. Souvent les ducatistes qui roulent beaucoup en agglomération remplacent le PSB de 15 dents par un 14 dents de 916, ce qui leur donne plus de souplesse et de la reprise dès 2500 tours.
La route est un régalLa tenue de route est excellente en toutes circonstances, permettant d’avaler les grandes courbes avec une grande stabilité procurée par un cadre très rigide et des suspensions bien amorties.
Quand le revêtement n’est pas très bon, la ST2 secoue un peu plus son équipage, mais elle reste stable et sûre.
Elle reste confortable sur longs trajets, 800 km dans la journée ne sont pas un calvaire ni pour le pilote ni pour la passagère, qui sont l’un et l’autre bien traités.
Les suspensions réglables dans tous les sens permettent d'adapter la moto à votre poids et au chargement que peuvent emporter 2 belles valises Nonfango vendues avec la moto contre supplément, et se mariant très bien avec sa ligne, sans la déstabiliser jusqu’à plus de 200 km/h (sur circuit).
Le moteur est coupleux dès les bas régimes et sa plage d'utilisation est très large, allant de 3000 à 9000 tr/mn. Mais nul n’est besoin de lui rentrer dedans en permanence, et il est extrêmement agréable d’enrouler sur le couple entre 4000 et 7000 tr/mn, régimes qui permettent de rouler rapidement sans changer de rapport. L'entrée en virage se fait sur le frein-moteur qui est très sensible avec 2 gamelles de 472 cc chacune, dans une superbe musique bien grave du twin à 90°….
La consommation d’essence se tient entre 5,5 et 6,5 litres / 100 km selon le profil de la route et la vitesse, un peu plus en ville style région parisienne.
L’éclairage en code est correct, sans être exceptionnel, et un poil mieux en phare. On peut l’améliorer avec des ampoules du genre Philips Premium ou équivalentes.
Le freinage
Au bas d’une fourche inversée, assez souple et aux tubes de 43 mm très rigides, les freins Brembo impressionnent par leur diamètre de 320 mm. A l’usage, leur attaque n’est jamais brutale meme sur le mouillé, mais si l’on tire dessus le ralentissement est d’une efficacité extrêmement rassurante. Le frein arrière est un modeste ralentisseur qui ne fait pas courir le risque de bloquer la roue et « perdre le gouvernail », mais stabilise la moto en entrée de courbe rapide. J’ai appris à l’apprécier.
Sur autorouteLa machine est très stable sur sa trajectoire et la vitesse limite permise par la ST2 une fois passés 10 000 km (le moteur est alors vraiment libéré), peut facilement pulvériser votre permis de conduire. A 7000 tr/mn, avec la démultiplication 15 x 42 d’origine, on est déjà à plus de 200… et le moteur peut prendre 9000 tours.
La protection est correcte pour un pilote de 1,75 avec la bulle d’origine, mais elle devient excellente avec le montage de la bulle + 5 cm proposée par Ducati (Ermax et Secdem en font d’encore plus hautes), qui ne défigure pas trop le profil de ma belle.
PneusMoto livrée avec des Michelin Macadam 90, dont le grip en courbe sur le mouillé n’a rien d’enviable. A remplacer en seconde monte par des Bridgestone BT 020, dont le grip rassurant sur le sec comme sur le grasmouillé, donne toute satisfaction à la majorité des Ducatistes en ST2 .
FiabilitéIl est fini le temps du dicton « Ducati, boîte à outils ». Bien entretenue selon les prescription du manuel du propriétaire dans le réseau Ducati (car le réglage du desmo demande quelques outillages et des méthodes spécifiques) la ST2 ne connaît plus davantage de problème qu' une autre moto. Et à 11000 km je n’ai pas eu un seul pépin .