Nouveau souffle
Voici sans aucun doute la plus populaire des Ducati. Plus chère que les roadsters 600 cm3 japonais ou que la Suzuki SV 650, son clone aux yeux bridés, la petite Monster reste décidément une moto à part. Très proche de ses grandes soeurs côté look et gabarit, elle ne renie pas non plus leur caractère, mêlant une certaine rudesse à un comportement aujourd'hui plus convivial. Malgré tout, certains défauts bien connus subsistent. Ainsi, ne cherchez pas un rayon de braquage plus lamentable dans la production actuelle, il n'y en pas. Idem côté finition ou aspects pratiques, la Monster réserve une place aléatoire au passager et aucune aux menus effets ou à un antivol en U ! Mais reconnaissons au moins les efforts récents de l'usine pour soigner l'équipement. Ainsi, cette Monster accueille un très efficace antidémarrage par clé codée, plutôt dissuasif à l'usage. De toute façon, l'essentiel n'est pas là. Regardez-la. Aucune autre moto ne présente une ligne aussi brutale et cette pulsation caverneuse reconnaissable entre mille. Bref, on aime ou on déteste, mais cette Italienne ne laisse personne indifférent. Mieux vaut quand même savoir à quoi s'en tenir avant de craquer. Ou faire preuve de philosophie pour apprécier le meilleur de la Monster, car voilà qui va vous demander des efforts certains au quotidien.
Adoucie
Peu de différences sautent aux yeux entre cette nouvelle 620 et l'ancienne 600. Un disque de frein supplémentaire, une planche de bord redessinée et dotée d'un compte-tours, voilà pour les premiers constats. Mais pas d'inquiétude, le reste suit. A commencer par le nouveau guidon, large et bas. Vous qui n'osiez pas craquer pour une 620 Sport de peur de ne pas supporter la position au quotidien, vous serez servi. Le buste en appui sur les poignets, les bras bien écartés pour ne pas perdre une miette de prise au vent, voilà une coquetterie de designer qui n'apporte finalement rien d'utile quand il s'agit de croiser sur route ou se frayer un chemin entre les voitures. Heureusement, le meilleur reste à venir. Les premiers tours de roues révèlent un accord de suspensions très correct. Dotée d'une nouvelle fourche inversée et d'un amortisseur modifié, la Monster se montre immédiatement moins sèche dans ses réactions. Devenue assez confortable malgré la selle un peu ferme, elle absorbe les bosses sans trop secouer ni son pilote... ni son guidon ! Sa géométrie adoucie se laisse immédiatement apprécier, même si elle nous vaut toujours cette éternelle mais légère oscillation de l'avant à vitesse soutenue. Néanmoins, l'engin propose une tenue de cap franche et sans soucis. A bord, on peut donc enfin se concentrer sur la trajectoire sans trop observer l'état du revêtement. Bien sûr, l'embrayage manque toujours de douceur et de progressivité. Mais on chipote là, car à cet instant le plaisir est bien ailleurs.
Elle file bon train
Les genoux serrés contre le large réservoir, les yeux dans les aiguilles, l'Italienne file bon train. Dommage que le constructeur ait opté pour des pneus à carcasse bien dure en origine. Cette Monster mérite bel et bien des gommes sportives pour exploiter pleinement son sympathique tempérament. Le moteur, lui, s'en fiche. Son boulot, c'est tracter, et pour ce faire, celui-là ne passe pas son tour. Incontestablement, il a bien progressé en plage utilisable. Jusqu'à près de 10 000 tr/min, il pousse désormais un peu plus fort et plus longtemps, mais toujours aussi progressivement, sans pic ni faiblesse. Certes, les excités de la zone rouge auront toujours du mal à s'y faire. Le twin transalpin n'explose pas d'un seul coup mais tracte tout le temps, et ça, c'est une marque d'efficacité indéniable. Sur petite route, l'engin plonge facilement dans les enfilades et maintient le rythme sans trop jouer de la boîte. Agile, redoutable freineuse (le double disque est très puissant mais facile à doser), assez facile à emmener, la Monster 620 dévoile un comportement assez fun. Et pour ne rien gâcher, elle se montre aussi plus à son aise en ville grâce à sa nouvelle injection. Apportant un gain en souplesse indéniable, cette greffe électronique achève donc un bilan dynamique enfin digne des standards de la catégorie. Face aux Japonaises, la Monster compense son manque de chevaux par une belle allonge et certains défauts agaçants par un comportement dynamique maintenant quasi irréprochable. Les pointilleux n'auront plus qu'à changer le guidon, investir dans des chouettes embouts et des rétros dignes de ce nom pour corriger des défauts mineurs. Le reste est à prendre ou à laisser